J’ai arrêté de troller, retour d’expérience

J’ai arrêté de troller, retour d’expérience (le 30 décembre 2017)

Un peu de pop-corn mais sur un sujet sérieux : depuis quelques années, j’ai fortement limité ma consommation de trolls.

Attention : des traces de glu… de second degré peuvent être présents dans ce billet.

L’existant

Troller, quand on est dans l’informatique (le militantisme aussi), c’est un peu comme une seconde nature (même une première nature chez certains et certaines).

Que celui ou celle qui n’a jamais participé à une discussion sans fin sur un sujet (Emacs/VI, Linux est-il prêt pour le desktop, CSS est-il un langage, les classes atomiques/les classes sémantiques, etc.) lié à l’informatique me jette la première pierre. Il est difficile de trouver un domaine en informatique avec un nombre raisonnable de personnes intéressées qui n’y échappe pas (cela doit être un corolaire de la loi du point GodWin).

Ajoutons que les réseaux sociaux ont tendance à favoriser cela : un message court peut être moins précis, et donc mal interprété, et donc déclencher une réaction, etc. Leur instantanéité n’est pas un mal en soi, mais autant prendre conscience que c’est pas le meilleur endroit pour se sevrer. Et disons-le clairement, certaines personnes ne cherchent que cela : vous faire démarrer (ou se mettre en colère).

Protocole de désintoxication

Un sevrage brutal est trop difficile pour commencer. Il faut soit trouver un substitut (un commit tous les jours est un exemple), soit commencer à se désintoxiquer progressivement.

Si vous rechutez plusieurs fois avec les mêmes personnes, limitez-en la consommation. Trop écorchées vives, ces personnes vont vous faire rechuter systématiquement… et avec l’effet de manque, vous rechuterez encore plus violemment. À la fin, si c’est en arriver à ce que les défenseurs de la cause animale s’engueulent avec les témoins de #balanceTonPorc (si si, je l’ai vu), autant fuir.

En pratique

Perso, j’ai trouvé un réflexe. Avant de réagir à un sujet potentiellement polémique, je me pose les questions suivantes :

  • Cela va mener à quoi ? Si c’est à rien, autant se taire. (refaire Boostrap en Dart… Thomas, si tu me lis, je t’aime)
  • Y a-t-il des chances pour que la discussion parte en live ou que mon propos soit mal interprété ? Si oui, ne rien dire ou éviter (***-nazi(e) si tu me lis).
  • La personne est-elle prête à entendre un avis différent ? Si non, autant la fermer… votre bouche, pas la personne (trop difficile en plus).
  • Est-ce que je commets une généralisation abusive ? Si je peux trouver un contre-exemple, fut-il le seul sur la planète (si si, j’ai trouvé des végans mesurés dans leurs propos), interdiction de dire la chose.

Du coup, cela me permet d’attribuer un nombre de points troll. Après, pour se sevrer, un bon atout : la fainéantise. J’économise mon énergie et je suis lent à réagir… du coup le temps que la vague soit passée, vous arrivez quand les trolls sont épuisés (savoir si les poins médians sont une maltraitance de la cause animale, savoir si la transpiration sur le vélo implique plus de consommation d’eau pour nettoyer le vélo-taffeur, etc.), et curieusement, il est plus facile de s’en détacher quand les arguments sont à la ramasse.

Le nombre de messages que j’ai commencé à écrire… puis tout à coup, je les efface et je me dis « Non allez, ça sert à rien ».

Ce que les trolls disent de nous

En fait, le troll révèle ce qui nous touche (et qui fait mal des fois). Comme disait le regretté Coluche : plus ils se passionnent et plus ils sont cons (je suis le premier passionné par pleins de choses). Je vous laisse mettre la catégorie que vous voulez là-dedans.

Je me permets de m’auto-citer :

Les trolls c’est comme le populisme : tout le monde sait que c’est idiot, que ça ne sert à rien, mais ça rassure nos misérables certitudes et ça réconforte.

(vous n’imaginez pas le travail sur soi pour dire cela, je me suis senti grand l’espace d’un tweet)

Les résultats

Curieusement, cela libère du temps et vous savez quoi ? Cela fait du bien. Je n’ai jamais autant écrit que cette année de désintoxication. Et cette haine que se cultive durant les trolls sévères, vous pouvez la remplacer par de l’amour ou de la tendresse. Et vous savez quoi ? Oui, cela fait du bien. Vraiment.

Dites-vous bien que pendant que vous trollez, d’autres sont en train peut-être de révolutionner le monde en faisant quelque chose.

En fait, si vous avez du mal à décrocher, vous pouvez aussi compter les points. Avec un peu de popcorn (sans lactose), c’est très sympa. Notamment quand les personnes disent la même chose et sont d’accord sur le fond (la spécialité des experts accessibilité).

Après, vous pouvez même prendre de la hauteur sur des sujets. Il m’arrive de voir des sujets resurgir de temps à autres (sur les intitulés de métier, sur la guéguerre graphistes/dévs, alors que tout le monde sait que les graphistes sont des fainéants et les dévs de gros butés comme des coins), et de les lire de manière amusée.

Troller bio et pas industriel

Curieusement, dans mon imaginaire, troller est lié à l’humour. Même si je ne fréquente plus tant certains très bons sites comme LinuxFr, le troll a quelque chose de positif, d’amusant. Le bon troll doit être absolument catégorique sur un sujet subjectif, et suffisamment gros pour que cela se voie (sinon ce n’est pas du troll, c’est de la malveillance).

C’est pour ça que je me dis en fait qu’il faut troller bio, troller VIP… en fait, troller, c’est un peu comme dire des jurons. Quand on le fait tout le temps, on en perd toute la saveur, et ce plaisir délectable qu’ils procurent. Troller devrait être l’exception, alors si je ne dois troller qu’une fois dans l’année, je veux le faire avec des gens biens qui partagent ma vision du troll. Si nous sommes ce que nous trollons, alors je ne veux que troller de bonnes choses.

Et surtout avec des gens qui savent se moquer d’eux-mêmes (pas comme ces intés bouffeurs de patates passionnés d’accessibilité qui font chier la terre entière avec leur amélioration progressive et leur qualité web, ce sont vraiment les pires).

Et au fait, on dit pain au chocolat, pas chocolatine ! Une chocolatine, c’est un petit chocolat (le suffixe -ine est un diminutif, et on va encore dire que le changement de genre lors du passage au diminutif n’est pas une bonne chose). Sans blague.

Permalien :

Flux RSS des commentaires de ce billet : https://www.nicolas-hoffmann.net/rss/commentaires.php?id_news=1709

1 commentaire

Posté par tetue le 30/12/2017 à 20:41:47
Félicitations ! Je distingue tout de même deux sortes de trolls : celui qui relève de la taquinerie, qui faisant rire, quand bien même jaune, a pour effet de détendre un peu une discussion. Et celui qui énerve, qui monopolise, qui a pour effet d'empêcher le débat. Évidemment, tout l'art est de savoir les distinguer avant de l'ouvrir, la frontière étant parfois ténue entre les deux…

Ça me rappelle cet inénarrable article d'uZine : http://www.uzine.net/article1032.html

Et oui, « pendant que vous trollez, d’autres sont en train peut-être de révolutionner le monde en faisant quelque chose ». D'accord avec toi : « il y a plus efficace : publier un argumentaire sur la toile, un billet de blog ou un article, sera toujours plus efficace que la stigmatisation, dans le sens où cela informe, nourrit la réflexion, élève le débat […]. Ce ne sont pas les trolls qu’il faut nourrir, mais nos réflexions. »
http://romy.tetue.net/twitter-n-troll

Oui, y'a toujours mieux à faire que troller (clin d’oeil)

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Je vous prie de me pardonner, j'ai énormément de mal à lire le "langage" SMS, il n'est donc pas du tout interdit de s'abstenir de l'utiliser. Qui plus est, vous avez sûrement un clavier digne de ce nom et pas celui d'un téléphone portable. Ne vous gênez pas pour utiliser l'option "Prévisualiser" si vous voulez vous relire avant de poster, je vous en remercie d'avance !

Cet article a été écrit par Nicolas Hoffmann.

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