L'autre jour, j'emmène mon fiston adoré au parc du village, et je me retrouve à l'accompagner en qualité de pousseur de balançoire, réceptionneur de toboggan, aide-centrifugeur sur le tourniquet, etc.
Alors qu'il m'explique à sa façon à lui les bonheurs de la balançoire, un autre papa est là avec sa fille, croquignolette à souhait. Une belle maman accompagne sa non-moins très jolie petite fille.
L'autre papa est scotché à son téléphone. J'en suis attristé pour la petite, qui nous regarde, toute interloquée. Est-ce qu'elle ne comprend pas pourquoi je ne suis pas au téléphone ? Est-ce qu'elle voudrait que je la pousse aussi sur la balançoire ? Je ne le saurai jamais.
Alors que je trouve une nouveauté – foncer vers mon fils quand il se balance en arrière et l'arrêter – qui fait éclater de rire ce dernier, du bon gros rire de bon cœur, communicatif au point que la belle maman et sa fille de tout à l'heure rient également de bon cœur, je vois cette petite qui ne pipe mot, le papa est toujours au téléphone, racontant apparemment une soirée festive.
Ce papa et sa petite partent. J'ai déjà oublié son visage, pas celui de la petite. Mon bonhomme éclate encore de rire à chaque fois que je fonce sur lui et que j'arrête sa balançoire pour mieux la relancer. Les passants sourient en le voyant.
Il est temps de partir. La belle maman et sa jolie fille nous disent au revoir et nous font signe jusqu'à l'autre bout de la place, visiblement ensoleillées du rire partagé. Je me rappelle encore leurs visages.
Étrange contraste.
L'instant présent.
Voici 2 semaines que je suis revenu d'une randonnée effectuée dans les hautes Alpes, par l’intermédiaire d'un organisme dont je ne citerai pas le nom. Nous marchions en général toute la journée, de 8h du matin à 14/15h de l'après-midi. Le reste du temps nous nous reposions en refuge ou chacun vaquait à ses occupations. Notre groupe était constitué d'un panel d'age assez hétéroclite allant de 19 à 41 ans.
En milieu de semaine, lorsque le groupe discutait autour de quelques bières de la vie, ou plus précisément de choses absolument futiles (oui, je suis sévère) comme le temps qu'il allait faire, ce qu'on allait manger ou qui avait déjà embrassé qui, j'ai vu l'un des membres du groupe, le plus âgé, se diriger vers la cuisine du refuge : Une occasion sympathique de se rendre utile en donnant un coup de main et de quitter un peu la vanité et le bruit de la salle principale. Nous avons alors chacun pris un chiffon et nous avons essuyé les couverts qui sortaient d'une sorte de gros lave vaisselle.
On pourrait alors se dire que la scène s'est déroulée dans l’excitation et autour de quelques blagues un peu grivoises, mais il n'en était rien. Nous entendions les hurlements de la salle d'à coté, mais ici le calme régnait, et surtout une paix et un bien-être intérieur nous avait imprégné mon camarade et moi.
Ce qui est important, comme tu le dis en fin de ton article, n'est pas le jugement ou la comparaison avec les autres (bien que ces deux choses soient très souvent présentes, même de façon inconscientes), mais l'instant présent : Ce moment parfait de paix intérieur ou l'on fait ce qui doit être fait, gratuitement, sans rien en attendre en retour.
Et crois-moi, ce que tu retiens au final de cette journée ce n'est pas l'expression du visage de la petite fille, mais la joie que vous avez passé en famille toi et ton bonhomme
Bref, vive l'instant présent (on appel ça aussi la pleine conscience :p) !