Grâce à la grande aide logistique de mon régulateur de vitesse qui m’a permis d’économiser ma fatigue durant le trajet, j’ai eu le plaisir de participer à la première édition de l’Accessiday, une journée entièrement dédiée à l’accessibilité des sites Web, organisée à Caen. L’événement a été organisé par Willy Leloutre, avec le soutien du conseil régional de Basse-Normandie, d’Atalan, de Temesis, le Pole Tes et le groupe de communication Normand XCOM.
Cette première édition a été réussie : des conférences toutes plus intéressantes les unes que les autres ont émaillé la journée. Petit résumé rapide de celles que j’ai pu suivre, je n’ai malheureusement pas eu le don d’ubiquité pour suivre celles qui se passaient au forum numérique.
L’accessibilité numérique, mais au fait, de quoi on parle ?
Delphine a rappelé quelques grands principes sur l’accessibilité : on ne parle pas de personnes handicapées mais bien de personnes en situation de handicap, c’est dans une situation que l’on peut être ou se retrouver en handicap. Et quoi qu’on en dise, cela peut arriver à tout le monde, qui n’a jamais eu de souris qui tombe en panne par exemple ?
L’accessibilité a d’immenses bénéfices collatéraux : SEO, ergonomie, image de marque, etc. C’est un processus qui vise l’utilisateur avant tout.
Puis elle a montré des ressources pour pouvoir s’y mettre. Ses slides sont une mine d’informations et un excellent résumé du sujet, à lire de toute urgence.
L’accessibilité des objets connectés
Sophie nous a présenté le très vaste sujet des objets connectés. Montres, smartphones, tablettes, objets divers et variés, etc. ont toutes sortes d’utilisations et leur présence est en constante augmentation.
Leur accessibilité est un enjeu énorme : ils permettent pour les personnes en situation de handicap de s’équiper pour beaucoup moins cher qu’avec des outils dédiés pour leurs besoins, avec des possibilités en plus. C’est pour cela que je dirais que ce sujet était aussi l’accessibilité par les objets connectés. :)
Elles nous a sensibilisés à ce sujet avec brio en expliquant des mises en situation personnelles, je reconnais que j’étais ignare sur le sujet, je n’avais pas mesuré l’importance de ces objets souvent vus comme des gadgets dispensables, alors qu’ils peuvent être source d’inclusion pour des personnes.
Un sujet original et très instructif, les slides sont en ligne : L’accessibilité des objets connectés.
L’accessibilité des applications web mobiles
Sébastien présentait ici un retour d’expérience sur un grand projet d’application web mobile accessible. En faisant participer le public, il nous fit proposer des bouts de code accessibles, ou du moins supposés l’être. Ensuite, il nous propose des retours d’expérience où ces bouts de code se révèlent être une catastrophe pour les utilisateurs, que ce soit à cause des synthèses vocales ou de problèmes d’implémentation ou autres.
Cette conférence était une très bonne surprise pour ma part : ni plus ni moins qu’un retour rapide sur « la théorie » versus « la réalité », où il a dû sciemment enfreindre des recommandations pour servir l’utilisateur final.
Les slides sont dispo : L’accessibilité des applications web mobiles.
Les contrastes des textes
Là, je serai incapable de dire si le sujet était intéressant, vu que c’était le mien. J’ai essayé de le faire aussi accessible que possible, quitte à simplifier la théorie, comme me le fera remarquer Aurélien dans les remarques.
Là, il faudra demander à quelqu’un d’autre pour avoir un avis. Je n’ai pas été super-content de ma prestation, même si des retours positifs m’ont été faits.
Mes slides sont disponibles : Les contrastes des textes.
Les techniques d’intégration d’icônes-liens
Johan Ramon nous offre encore un super sujet, très bien maitrisé et bien illustré. J’avoue que je n’avais jusqu’à cette conférence pas compris les implications du mode de contraste élevé sur les background
CSS. Là, c’était lumineux, ce mode remplace les couleurs de fond, plus qu’à supposer que cette couleur se marie mal avec l’image en question, et patatrac.
Il étudiera plusieurs solutions (sprites, etc.), chacune ayant leurs points forts et leurs inconvénients. Au final, une bonne leçon d’humilité pour l’intégrateur que je suis !
Ses slides sont disponibles : Les techniques d’intégration d’icônes-liens.
Vous êtes tendance, vous êtes digital, vous connaissez ARIA ?
Aurélien n’en est pas à son premier coup d’essai sur ARIA, il a déjà – entre autres – écrit sur le train de 13H37 sur le sujet : ARIA, il serait temps de s’y mettre !
Que dire de plus : excellent sujet maitrisé, des exemples parlants et pratiques, une présentation aux petits oignons. Il envoie du lourd comme on dit en langage familier.
Il ne fut pas le seul à le dire : on a besoin de « hacker la spec ». Autrement dit, d’essayer des choses, voir si cela fonctionne en testant en situation réelle. Il n’y a pas de vérité absolue, que des cas concrets à travailler.
JavaScript et accessibilité font-ils bon ménage ?
Stéphane Deschamps et Matthias Dugué ont fait le show, au sens propre comme au sens figuré.
Rivalisant d’humour l’un et l’autre, ils ont fait une excellente présentation, mêlant un brin d’histoire de l’accessibilité, de légendes urbaines, d’actualités, de retours d’expériences, de mises en perspective. Bref, JavaScript et accessibilité font très bon ménage, encore une fois, avec de l’ARIA dedans. D’ailleurs, ils m’ont donné plein de bonnes idées, se baser sur ARIA pour des classes d’état en CSS notamment (faut que je mette en application dès que possible).
Rafraichissant et délicieusement sérieux sans se prendre au sérieux. Mais jusqu’où iront-ils ?
Bonus, un petit mot de Karl Groves
Nous avons eu droit à un petit mot de Karl Groves, un des plus grands experts mondiaux de l’accessibilité Web. Que dire de plus, si ce n’est un petit caviar sur une journée déjà délicieuse ?
En bref
- Les retours d’expériences des experts montrent bien que l’audit lourd en fin de projet sans suivi n’est plus une option, l’accessibilité doit se faire au fur et à mesure.
- C’est vraiment un sujet d’experts, et on a vraiment besoin d’experts accessibles comme on en a eu lors de cette journée.
- ARIA est incontournable, même si ça n’est pas obligatoire pour concevoir accessible.
- La spéc ne doit jamais prendre le pas sur les utilisateurs réels.
- Testez, testez, testez. Et faites des essais, parlez-en, confrontez. L’accessibilité, ça a besoin de gens qui mettent les doigts dans le cambouis pour huiler les sites. Même de manière imparfaite.
À titre personnel
Le co-directeur d’OpenWeb qui sommeille (peu) en moi a été ravi de voir que les idées et les approches que défend ce collectif depuis bien des années ont été « pertinentées » à de nombreuses reprises, et les propos que j’ai entendus ont fait honneur à de nombreux articles qui y ont été publiés.
Les conférences sur l’accessibilité font beaucoup de bien, car elles me font comprendre beaucoup de choses sur la différence, sur des handicaps, bref, sur la variété du monde, et « c’ai bien ».
J’ai eu plein de bonnes idées qu’il me tarde de mettre en application !
Ajoutons à cela que j’ai pu retrouver une bonne partie de personnes que je suis sur Twitter, du coup une très joyeuse équipée a été là depuis la veille jusqu’à l’after. Sortant de quelques semaines très dures au travail, ça m’a fait vraiment du bien, à un point que vous ne pouvez pas imaginer… Mention à Pascale que je n’avais pas pu serrer dans mes bras depuis 3 bonnes années, une de mes héroïnes du Web parmi plein d’autres sur place.
Bref, l’Accessiday, c’était vraiment top, ça a poutré des coincoins, bravo à tous et surtout aux organisateurs, et « à Caen la prochaine fois ? ».
A bientôt !