J'ignore si cela vous est déjà arrivé, mais cette situation arrive parfois en agence, je suis à peu près sûr que je pourrais en faire un sketch humoristique.
Plantons le décor et imaginons : une agence de communication a un client, et elle vous demande de réaliser techniquement le site pour son client.
Plusieurs schémas sont possibles, toutefois, prenons-en un parmi d'autres : vous êtes en sous-marin, autrement dit, votre seul interlocuteur est l'agence de communication. Tant que tout va bien, cette situation perdure, et en général tout le monde est content.
Mais – car il y a bien sûr un « mais » – pour une raison lambda (même pas forcément grave, une simple absence, une question, un problème…), ce schéma va se rompre à un moment et le grand moment de folie va pouvoir commencer !
J'appelle cela la discussion à trois par groupes de deux. Un exemple :
— Client de l'agence, s'adressant à vous : bonjour, je n'arrive pas à joindre l'agence, comment fait-on <insérez ici une demande lambda> ?
Vous répondez à la demande, le client est content.
10 minutes après, l'agence vous appelle :
— Nous ne vous avons pas demandé de modifier telle page, comment ça se fait ?
— C'est votre client qui nous a appelé, il n'arrivait pas à vous joindre.
— Et pourquoi vous avez fait cela ?
— Parce qu'il l'a demandé, nous n'allions quand même pas l'envoyer paître !
— Certes, mais ces points étaient en discussion, etc.
Là encore, ce sont des exemples gentils. Imaginons une scène plus méchante.
— Vous à l'agence : il y a du nouveau pour les demandes, le délai va être bientôt impossible à tenir !
— On fait le maximum mais ça traine chez le client.
— L'agence au client : il faudrait que nous validions ces points, sinon nous ne pourrons pas tenir le délai.
— Oui, on fait le maximum en interne.
Observation : le client dit à l'agence qu'il est le méchant.
(Quelques jours après)
— Le client à l'agence : voila c'est validé.
— Merci, on s'en occupe.
— Et pour le délai ?
— Ne vous inquiétez pas, on fait le maximum.
— L'agence à vous : voilà c'est validé.
— Cela va être impossible de tenir le délai, nous avions demandé deux jours, mais ne nous en laissez qu'un.
— Vous connaissez les clients…
Observation : l'agence vous dit que le client est le méchant.
(le lendemain)
— Le client à l'agence : c'en est où ?
— On fait le maximum !
— Mais vous avez dit que c'était ok pour le délai.
— Écoutez, on a envoyé ça à la boîte qui s'occupe de la technique, ils ont pas répondu.
Observation : l'agence dit au client que vous êtes le méchant.
— L'agence à vous : alors c'en est où ?
— On travaille encore dessus.
— Dépêchez-vous, ça commence à hurler !
— Ce n'est pas mon problème, nous vous avions annoncé le délai.
Observation : vous dites à l'agence que l'agence est le méchant.
— Le client à vous : alors, pourquoi vous ne répondez pas ?
— Nous avons répondu à l'agence, il nous fallait deux jours, nous n'en avons qu'un.
— Mais pourquoi ne l'ont-ils pas dit ?
Observation : vous dites au client que l'agence est le méchant.
— L'agence à vous : le client nous est tombé dessus, vous n'avez pas à discuter avec eux des délais, c'est notre client !
Observation : l'agence vous dit que vous êtes le méchant.
— Le client qui monte les tours, à vous : bon alors, vous en êtes où ?
— Pu… naise, arrêtez de m'appeler en direct, cela me met dans une situation impossible avec l'agence !
Observation : vous dites au client qu'il est le méchant.
— Mais c'est mon site, je suis le client quand même, je parle à qui je veux !
Observation : le client vous dit que l'agence et vous êtes les méchants.
— Vous, montant les tours, à l'agence : vous pouvez dire à votre client d'arrêter de m'appeler ? D'une je perds du temps et de deux, j'en ai marre de faire votre boulot !!
Observation : vous dites à l'agence que le client et l'agence sont les méchants.
Etc.
6 mois après, nouveau projet, les trois discutent ensemble, et tout le monde se félicite de la collaboration précédente et de ce projet très réussi.
Observation : les trois disent aux trois autres qu'ils sont les gentils. Et ça redémarre. Fin du sketch.
Évidemment, je caricature un petit peu dans l'observation, mais le schéma est rodé : au lieu de discuter clairement à trois, les trois interlocuteurs se renvoient les responsabilités ou n'assument pas clairement les leurs en écoutant les contraintes des autres. Vous savez le plus drôle ? Je n'ai même pas exagéré, si les situations s'enveniment un peu plus, vous pouvez avoir des situations dignes des pires soaps ou des pires vaudevilles.
Je devrais en écrire un livre des fois…