Chaque année, je vois le même troll revenir après Paris Web : les bisounours.
Précisons pour ceux qui ne connaîtraient pas le sujet : certains orateurs ou participants sont taxés d'être des bisounours, autrement dit, totalement déconnectés du monde réel, sur leur nuage, dans leur pays merveilleux.
Si parfois, je reconnais que trop de bisounours-isme tue le bisounours, en clair, si cela peut m'agacer un temps, voici la réflexion que je me fais.
Je discutais avec Delphine Malassingne l'année dernière, et nous avions abordé cet aspect, voici ce que je lui ai dit :
Excuse-moi de le dire, mais… putain, heureusement qu'il y a encore des gens comme ça ! (des bisounours)
Et je complète : pas totalement aigris de la vie, de leur métier, qui ont des idéaux, des valeurs, de l'humour, de la bienveillance, pour reprendre un terme d'une conférence de cette année.
Même si je suis d'un cynisme à l'épreuve des balles, vous imaginez Paris Web sans une franche dose d'optimisme ? Autant entamer une cure de Prozac. En plus, c'est à Paris, ville d'excités par excellence.
Alors oui, quand on débarque dans cet univers, cela peut être surprenant, je me souviens avoir été surpris de l'ambiance lors de mon premier Paris Web, où j'entendais presqu'à plus soif du « l'accessibilité c'est bien, il faut y penser », où je voyais des sourires, etc.
Mais à votre avis, vaut-il mieux tomber les masques et goûter à cette ambiance si particulière ou se dire « mais non, ils planent complètement » ? Perso, je préfère faire le plein de « good vibrations ». Quand je dis que Paris Web est ma cure de thalasso, je le pense : imaginez-vous entouré de personnes compétentes, super-motivées, et aimables. Des gens qui partagent vos idéaux de partage de la connaissance, de qualité, et d'universalité du Web.
Le « problème », c'est qu'en adoptant ce carburant, potentiellement, le monde vous est offert sur un plateau.
La facilité et l'immédiateté ne sont pas fournies avec, mais ce n'est pas grave.
Et encore, je ne parle même pas de l'humain. Cette année, lors de la conférence sur le « Web qui rouille », j'ai pu parler d'un sujet incroyablement personnel avec une délicieuse personne, sans calcul, sans masque. Vous croyez que quand vous serez à l'article, ce sera le cynisme qui vous restera ? Non, ce seront les personnes.
Si je n'avais pas croisé des personnes qui croyaient dur comme fer au Web comme plateforme Universelle, qui sait où j'en serais ? Je croirais peut-être encore que les aveugles ne lisent pas de mails, que les vidéos ne peuvent pas intéresser les sourds, etc.
Autant regarder le monde avec des yeux d'enfants, ça ne change pas le monde, mais l'idée qu'on s'en fait. Et au final, ça change le monde.
Pour conclure, je paraphraserai Maître Yoda :
- Que vais-je trouver à Paris Web ?
- Ce que tu y apporteras.