Être un expert pour parler d'un sujet ?

Être un expert pour parler d'un sujet ? (le 12 juillet 2012)

Quand je parle de publier des articles lors de conférences, sur Internet ou via d'autres rencontres, j'entends souvent l'argument « je suis pas un expert dans le domaine ». Et particulièrement quand il s'agit de publier sur des sites dits de référence, comme Openweb, Alsacréations, etc.

Pour prendre un exemple, il est sûr que quand on s'appelle Jean-Pierre Villain, on a pas trop à se poser la question de sa légitimité quand on parle d'accessibilité (pour ceux qui ne le connaissent pas, c'est une référence dans le domaine). Pourtant, est-ce que cela doit interdire aux autres personnes « un peu moins expertes » d'écrire des articles ?

S'il est tout à l'honneur d'une personne de reconnaître humblement les limites de ses connaissances ou de ses compétences, je pense que c'est un faux problème. Oui, il est sain de se poser la question et il est bien de penser qu'on a des limites. Oui, il est bien de chercher à écrire le meilleur article qui soit. Oui, il est bien d'éviter de dire des âneries ou de se renseigner avant de dire quelque chose. Mais non, non, cent fois non, partager des connaissances ne doit pas être limité aux experts absolus dans un domaine.

Et d'autant plus : qu'est-ce qui vous empêche de potasser sérieusement un sujet qui vous intéresse, et d'en écrire un article ?

L'exemple qui tue : j'ai écrit un article sur Openweb qui s'appelle les contrastes de textes. J'ai potassé le sujet et essayé de trouver de bonnes ressources, le collectif m'a d'ailleurs aidé à en trouver. D'ailleurs, je suis assez content de cet article, il traite un point d'accessibilité qui me semble important, et j'ose espérer qu'il apporte des solutions pratiques au problème des contrastes.

Et pourtant, je ne suis pas un expert accessibilité. Oui, j'en parle souvent, oui, c'est un sujet qui m'intéresse, oui, je l'intègre autant que possible dans mon travail, mais non, je ne suis pas expert accessibilité.

Permalien :

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20 commentaires

Posté par Nicolas Hoizey le 12/07/2012 à 12:44:05
Je plussoie !

Tiens, pour étendre le sujet puisqu'on parle d’accessibilité, une question qui peut paraître provocante, mais qui est vraiment dénuée de tout troll :

Un handicapé est-il naturellement plus à même de devenir expert en accessibilité ?
Posté par fabrice31 le 12/07/2012 à 13:23:09
Même si tu n'es pas un expert, tu y ressembles fortement de mon point de vue de néophyte sur le sujet.

Il y a une autre façon de voir les choses : si on ne se sent pas à l'aise pour faire un article sur openweb ou alsacreation, rien n'empêche de le faire sur un site moins préstigieux, voire sur un blog. Être lu par ses "pairs" et pouvoir débattre est une façon formidable de progresser "sur la voie qui mène à l'expertise".
Posté par Vivien le 12/07/2012 à 14:41:19
Comme le relève @fabrice31, Openweb ou Alsacreations sont des communautés dont les visiteurs ont confiance dans le contenu présenté, ils viennent sur ces communautés pour découvrir un sujet, apprendre quelque chose.
Il faut donc apporter au visiteur une information de qualité, ce qui peut parfois passer par la relecture des articles par des experts.

@Nicolas : Je pense que lorsqu'on nous prive d'un membre ou d'un sens que l'on avait l'habitude d'utiliser, on cherche d'autres moyens de pallier à ce manque, d'autres alternatives pour arriver aux mêmes fins.
Pour le web, si la personne handicapée est de sensibilité numérique ou s'intéresse au web, à la consultation d'information sur la toile... Une des solutions est qu'elle peut s'intéresser à l'accessibilité numérique, pas en tant qu'expert mais en tant qu'utilisatrice de cette technologie, et pourquoi pas après quelques mois et moments de durs labeurs, devenir experte ?
Bref, voilà une petite question qui mériterait qu'on s'y attarde d'avantage, mais pour le moment, le boulot m'appelle (grand sourire)
Posté par Wan le 12/07/2012 à 14:55:17
Mais la vraie question c'est : est-ce que l'auteur de cet article est suffisamment expert pour qu'on lui fasse confiance ?
Posté par Nicolas Hoizey le 12/07/2012 à 15:06:48
@Vivien la question n'est pas de savoir si une personne ayant un handicap peut se former et devenir experte en accessibilité, n'importe qui peut se former.

Il s'agit plutôt de comprendre si son (ses) handicap lui permet d'avoir un point de vue différent, qui lui apporte une plus grande pertinence sur le sujet. Sur son propre handicap sans doute, l'expérience étant la meilleure façon d'apprendre, mais de manière générale est-ce aussi le cas ?

Ce n'est pas une question simple…
Posté par Nico le 12/07/2012 à 15:14:11
Nicolas Hoizey : c'est typiquement la question que je pose quand je vois des démos faites par des gens qui ont un handicap et qui me disent que je peux utiliser NVDA :

je leur dis "faites comme vous faites d'habitude vous" car je veux voir comment VOUS vous faites, le but n'est pas que je me débrouille avec NVDA mais de voir comment vous l'utilisez, ça me permet de mieux comprendre ce que moi je peux faire par rapport à une situation réelle et pas "simulée".

De là à savoir si une personne sans handicap peut totalement comprendre ce qu'un handicap implique et comment on le vit : j'imagine que c'est différent : avoir grandi sans pouvoir voir ou entendre fait qu'on se développe autrement (en tout cas, je fais comme ça avec mes handicaps persos ^^).
Posté par Vivien le 12/07/2012 à 15:23:51
@Nicolas : Ah, j'avais mal lu désolé (sourire)

Dans ce cas oui, ce n'est pas une question simple.
Posté par Nico le 12/07/2012 à 15:31:06
Si je pousse ton raisonnement au bout : nous avons tous un point de vue forcément différent, vu que nos histoires, handicaps, ressenti, etc. sont uniques. Et comme les mots/couleurs/etc. sont tous interprétables (principe de communication), j'imagine.

De là à savoir si ces différences peuvent naturellement nous rendre plus à même d'être quelque chose, c'est une question vraiment pas simple ! (sourire)
Posté par Frank le 12/07/2012 à 15:34:05
Attention on est pas vendredi mais ça va un peu troller

Si on est pas lu par ses "pairs" que peu, voire aucun écho n'est fait à sa publication qu'aucun débat n'est engagé que doit on en conclure ? Que l'on est mauvais que l'article n'a aucun intérêt ?

Est-ce que les "pairs" vont accorder la même valeur de départ et faire l'effort d'aller lire un article et d'en faire l'écho sur un site qui n'a pas la notoriété d'un openweb ou d'un alsacréations ?

Si les réponses sont oui, doit on à ce moment là continuer à publier et partager ses connaissances si par expérience l'on sait qu'elles resteront anonymes et n'apporteront rien ni à la personne les ayant publié (progression) ni à la communauté?
Posté par Nico le 12/07/2012 à 15:43:10
Frank : après, reste à savoir pourquoi on publie : si c'est pour faire de l'audience, ou si c'est pour le plaisir de publier. (troll)

Ok, ce n'est pas aussi manichéen que cela, mais il y a un peu de ça (clin d’oeil)

Je pars du postulat que si on écrit des choses intéressantes et qu'on fait un minimum d'effort pour les partager (Twitter, etc.), le problème de l'anonymat devient caduque à partir d'un moment.
Posté par Frank le 12/07/2012 à 16:12:13
@Nico Publier pour le plaisir ok je crois que dans le domaine qui nous préoccupe il n y a pas d'équivoque possible.

Maintenant, comment évaluer la qualité de sa publication si il n'existe aucun retour positifs ou négatifs ? Malgré tout le soin apporté à sa rédaction n'ai je pas commis des erreurs des approximations ?

Quel crédit un lecteur non initié (expert) peut donner à cette publication si aucun retour n'est fait ?

Dans le cas ou l'article est publié sous openweb ou alsacréaions la question ne se pose pas vu (je suppose) le nombre de relectures par des experts avant publication.
Posté par Olivier Nourry le 12/07/2012 à 16:28:49
Nicolas (l'autre) a écrit: "Un handicapé est-il naturellement plus à même de devenir expert en accessibilité ?"
Excellente et épineuse question!

D'ailleurs il n'y a pas une réponse tranchée. Le meilleurs experts que je connaisse ne présentent pas de handicap qui les oblige à utiliser des technos d'assistance (le fait d'être un pitbull n'entrant pas dans la catégorie des handicaps pour le Web XD). Je connais aussi des utilisateurs de technos d'assistance qui sont aussi d'excellents experts, et qui détectent des choses qui échappent aux autres. Mais c'est presqu'une coïncidence. Il y a autant d'utilisateurs noobissimes et de power users chez les personnes handicapées que dans le reste de la population.

D'autre part, avec un handicap donné, je peux arriver éventuellement à un niveau d'expertise extrême sur la techno d'assistance qui me correspond et que j'utilise. Mais sur le reste, je serai un béotien comme tout le monde. Par exemple: maîtriser à fond Zoom Text (loupe + lecteur d'écran) ne fait pas de toi un expert Jaws, qui a ses particularités. De même qu'être un dieu de Word ne fait pas de toi un cador d'Acrobat Pro, même si ça peut aider.
C'est pourquoi, quand on fait des tests utilisateurs, on teste autant l'utilisateur que l'appli...

Par ailleurs, il y a de fait des tests qu'un utilisateur handicapé ne pourra jamais faire. Comment juger de la pertinence d'une alternative d'image si l'on est non-voyant? De sous-titres si l'on est sourd? C'est tout bonnement impossible, sauf cas évidents où on est plus dans le bug que dans la non-conformité.

Il y a aussi des problèmes d'accessibilité qui concernent certains et pas d'autres. Un utilisateur non-voyant, tu peux envoyer du texte gris très clair sur fond gris très très clair, ça le laisse froid. Les utilisateurs voyants au clavier se tamponnent des alternatives d'images. Or, en accessibilité on essaye de couvrir toutes les situations utilisateurs, autant que faire se peut. Tester selon son handicap à soi uniquement serait forcément limitant - même si c'est très utile pour le groupe d'utilisateurs que l'on représente.
Enfin, n'oublions pas qu'avec un handicap, un navigateur, et une techno d'assistance identiques, 2 utilisateurs pourront avoir 2 façons radicalement différentes de naviguer, et donc n'auront pas les mêmes attentes. Exemple bateau: les utilisateurs de lecteurs d'écran naviguent soit en extrayant la liste des liens, soit la hiérarchie de titres, ou un peu des deux selon le site ou l'envie du moment. Du coup ils ne mettront pas l'accent au même endroit.
Qui plus est, on peut utiliser un lecteur d'écran parce qu'on ne voit pas (cas classique)... ou parce qu'on ne sait pas lire correctement! Du coup les besoins sont très différents.

Tout ça fait que les référentiels à la WCAG tentent de s'abstraire de l'utilisateur et de ses particularités, pour ne conserver que les réponses adaptées à l'ensemble des usages. Ça peut paraître surprenant voire choquant, mais on s'efforce "d'oublier" les utilisateurs... pour mieux les servir dans leur ensemble, et non au cas par cas.
Pour tenter de répondre (enfin) à ta question, je dirais que le fait d'être un utilisateur de techno d'assistance par nécessité te donne un angle d'appréciation irremplaçable, ce qui fait que le test utilisateur est un complément indispensable au test "expert". Mais il faut 2 conditions a minima:

- que l'application soit débarrassée de toutes les scories qu'un expert peut détecter (inutile de faire tester une appli sans aucun alt aux images par exemple)
- que l'utilisateur soit un minimum capable d'utiliser son outillage, pour qu'on évite de relever des problèmes liés à une config utilisateur foireuse ou un manque de connaissance.

Un test utilisateur réussi doit permettre de révéler les problèmes de l'appli, et uniquement eux. C'est un exercice très très délicat, pour tout dire...
Posté par Emmanuel le 12/07/2012 à 16:57:01
Flute, ma prose n'est pas passée, j'ai dû cliquer de travers. Je la refais en plus sommaire :

1) Les formats "article" ou "conférence" sont pour moi des exercices de style académique qui ne conviennent pas à tout le monde.
Ce sont des façons d'exprimer une idée très unilatérales, même si un public ou lectorat peut intervenir après coup en commentaire.

2) Tellement de personnes publient de par le monde. Que puis-je apporter de mieux ? différent ? nouveau ? quel angle ? quel niveau rédactionnel ? C'est sûrement déjà publié ailleurs, en mieux. Pour quelles raisons publie-je au fait ?

3) Les lecteurs-participants peuvent être d'un redoutable niveau. Comment faire pour ne pas se ridiculiser ? ne pas tomber du fil ? On en revient au "format" de communication.

Restent les discussions autour d'un verre, les ateliers, les commentaires, moins formels, les tweets,... tous les autres canaux d'échange autres que l'article et la conférence.

Ces canaux "académiques" ne me conviennent pas et sont certainement la raison pour laquelle j'ai cesser de publier quoique ce soit de métier sur mon site, ou n'ai jamais publié sur OW par exemple (sourire)
Posté par Victor Brito le 12/07/2012 à 18:22:48
Pour revenir au débat dans le débat lancé par l'autre Nicolas et Olivier, j'insisterai sur le fait que proposer des tests utilisateurs dans le domaine de l'accessibilité, bien que l'idée soit séduisante, est quelque peu dangereux, dans le sens où l'on risque de ne prendre en compte qu'un panel restreint de handicaps, voire qu'un seul handicap, notamment à cause de contraintes liées à l'organisation de tels tests (budget, disponibilité d'utilisateurs concernés par la cible, organisation matérielle des tests, etc.), avec le risque, finalement, de se focaliser sur un ou deux handicaps et d'oublier le reste des handicaps et les cas de figure plus complexes auxquels on ne songe pas toujours, faute de ne pas les soupçonner. C'est, d'ailleurs, la mise en garde qu'a effectuée Jean-Pierre Villain à la dernière Conférence Romande sur l'Accessibilité Numérique (et ce n'est pas le Nicolas de ce site qui me contredira sur ce point (clin d’oeil) ).
Posté par Cyberbaloo le 12/07/2012 à 18:53:56
"Un handicapé est-il naturellement plus à même de devenir expert en accessibilité ?"

Non. 
Être expert en accessibilité est un métier comme un autre. 

Je me posais cette question depuis longtemps, et j'aurais voulu avoir un avis de la part des experts et autres personnes intéressées sur le sujet. (sourire)

Un expert en accessibilité est quelqu'un qui apprend la technique, et qui a une connaissance du retour d'expérience utilisateur. 

Cela fait 10 ans que j'écris et veille sur le sujet du sous-titrage. Je ne me considère pas au fond de moi-même comme une experte sur le sujet. J'ai certes une expérience utilisateur puisque j'utilise au quotidien le sous-titrage. J'apprends au fur et à mesure les techniques dans les limites de mon handicap.
Ce sont ceux qui m'entourent qui me considèrent comme une experte, ce qui est honorable comme reconnaissance.

Un expert accessibilité est une personne qui tient compte de tous les handicaps, y compris le sien s'il y a lieu. 
S'il y a handicap : sa propre expérience utilisateur sera précieuse puisque le point de vue peut être différent, voire une force mais aussi une faiblesse dans la limite de son handicap. 

Pour finir et répondre à la première question du premier Nicolas, être expert c'est être reconnu comme tel par d'autres personnes.
Pour devenir expert, il faut écrire, participer, partager, débattre. 
Posté par Stéphane Deschamps le 12/07/2012 à 22:12:43
Très content de la réponse de Sophie, ça m'évite de devoir développer. (sourire)

Voilà un exemple concret : j'ai travaillé avec des collègues malvoyants très bons pour compenser leur handicap avec l'aide d'une revue d'écran. Ils ont fini par devenir experts de leurs outils, j'ai même fini par affubler l'un d'eux du sobriquet de "chien truffier de l'accessibilité", parce qu'avec Jaws, quand on trouve un point bloquant, bin c'est ballot à dire, mais on est bloqué.

Pour autant un expert technique c'est autre chose qu'un utilisateur, fût-il très bon. Et là, hop je rebondis sur la réponse de Sophie qui explique tout ça très bien.

En passant, sur le fond de l'article, et sur le commentaire de Frank : quand j'écris il arrive que je sonde les copains ("vous croyez que c'est intéressant ?") pour des publications collectives (Openweb) ; dans d'autres cas il y a vote avant que le travail ne commence (Pompage) ; enfin quand j'écris ce que j'ai sur le cœur, je le fais chez moi. Quel que soit le cas, au final on écrit parce qu'on en sent le besoin.

C'est toujours gratifiant de voir la communauté s'approprier nos écrits, faire des liens vers eux, etc., mais avant tout, vraiment, on écrit parce que ça doit sortir, loin de tout auto-marketing etc.

Au final on n'écrit pas parce qu'on est expert, c'est plutôt l'inverse : on est reconnu expert à force d'avoir écrit des contenus que "le public" (interne dans le cas d'une entreprise, ou la communauté dans les exemples donnés par Nico-le-maître-des-lieux) a jugés intéressants, pertinents, que sais-je encore.
Posté par Stéphane Deschamps le 12/07/2012 à 22:16:22
@Olivier Nourry :

“Un utilisateur non-voyant, tu peux envoyer du texte gris très clair sur fond gris très très clair, ça le laisse froid.”

Je ne peux m'empêcher de noter qu'un mec qui utilise les couleurs de la morgue, c'est pas étonnant qu'il laisse des clients froids.

(on peut portnawaker à loisir ici Nico ?) (sourire)
Posté par Nico le 12/07/2012 à 22:19:47
Stéphane : oui mon bon, ne t'en prive pas une seconde ! (Sourire qui tue)
Posté par Nico le 12/07/2012 à 22:53:47
Emmanuel :

1) Pour moi le format est un exercice de style (si j'ose dire, je vois trop de CSS), en quelque sorte, je le vois comme un cadre. Mais pour faire dans la métaphore/citation à la con, comme dirait Morpheus dans Matrix : il y a des règles qu'on peut transgresser, et d'autres qu'on peut enfreindre.

2) Pourquoi publié-je ? Pour changer et sauver le monde. Plus sérieusement, parce que ça me fait plaisir avant tout. Le problème de se dire que tout a été écrit mieux ailleurs, c'est que si on pousse ce raisonnement à l'absurde, on ne publie plus. Pour faire la seconde métaphore/citation à la con (Yoda) : que puis-je y trouver ? Ce que tu y apporteras.

3) Le lâcher-prise. J'ai abandonné l'idée d'écrire des articles parfaits, même si j'essaie de faire qu'ils soient biens. J'ai abandonné l'idée d'être le plus fort, car c'est impossible. Il y a tellement de gens incroyablement intelligents et doués dans ce domaine, j'en rencontre de plus en plus via des Paris-Web, Sud Web, CRAW et autres Kiwiparties, j'arrive même pas à imaginer l'éventualité d'être le meilleur dans un domaine. D'ailleurs, c'est une perte de temps : je préfère consacrer mon temps à m'enrichir de ces personnes.

Troisième citation/métaphore à la con du soir : "je ne suis qu'une voix dans le désert". En soi, je trouve déjà extraordinaire que des gens écoutent ce que je raconte, même si ça ne touche qu'une personne, c'est en soi une chose extraordinaire.

Alors, ce qui me fascine dans ces conférences, c'est qu'on ait des idées qui se rejoignent alors qu'on a des vies différentes, des situations différentes, des vécus différents, sans jamais s'être rencontrés dans aucune des 4 dimensions, etc. c'est pour moi beau et fort comme une singularité cosmique.

Je discutais d'un certain projet Opquast avec un certain Élie Sloim il y a deux jours, et je me suis aperçu que ce projet sur lequel on s'accorde les deux à reconnaitre que c'est une bonne chose, nous avons une façon de l'aborder extrêmement différente. Il expliquait sa vision à une charmante ergonome (coucou Laetitia), et j'ai pris la foudre : j'avais l'impression qu'il décrivait autre chose qu'Opquast ! Que mon Opquast à moi que je me suis approprié à ma façon. Je n'ai rien dit, mais cela m'a frappé.

Être le mieux placé pour faire quelque chose ? Non.
Être le mieux placé pour explorer la matrice ? Oui, sans aucun doute.
Posté par Olivier Nourry le 13/07/2012 à 18:00:19
Sophie a écrit : « Être expert en accessibilité est un métier comme un autre. ».

Je confirme ! J’irais même plus loin : ce n’est même pas encore un métier à proprement parler… Le web regorge de ces spécialités qui, pour être acquises, ne nécessitent rien de plus qu’un ordinateur, une connexion internet, et beaucoup de ténacité. L’expertise en accessibilité en fait partie. Derek Featherstone écrivait il y a quelques années que pour devenir consultant en accessibilité, il suffisait de l’indiquer sur sa carte de visite ; c’est encore très vrai. Hormis quelques (excellentes) formations courtes qui permettent de gagner beaucoup de temps au démarrage, on n’a pas vraiment le choix que d’apprendre à la dure ce métier… qui n’en est pas vraiment un, car pas vraiment défini, pas vraiment reconnu, et sans validation officielle de quelque instance que ce soit.

Reste qu’il y a quand même des gens qui, sans être *officiellement* reconnus comme experts (personne ne l’est, de fait), sont des sommités du domaine, connus et reconnus comme tels par leurs pairs. A mon sens, ce qui les différencie, c’est bien entendu une compétence technique approfondie ; mais aussi une volonté constante de progresser ; une capacité à innover, tant sur les méthodes que sur la technique ; et une foi indéboulonnable dans le bien-fondé de leur choix de combat. Condition sine qua non pour ne pas lâcher l’affaire, et creuser un sillon rempli de cailloux dans une terre ingrate.

Pour boucler avec le thème de l’article de Nico : autant que la compétence, je pense que la pédagogie et l’aptitude à communiquer un message, donnent légitimité pour s’exprimer sur un sujet. Tous les bons techniciens ne font pas de bons communicants. Or, pour rendre le sujet de l’accessibilité moins confidentiel, c’est important de savoir faire passer des messages, y compris les plus simples, d’une façon qu’un large public puisse les comprendre. D’ailleurs pour un expert de haut vol, c’est souvent difficile de redescendre au niveau de la reco de base ; il sera plus intéressé par se coltiner un sujet difficile qui le fait progresser. C’est pourquoi les gens qui ne sont pas au top niveau de l’expertise, mais qui savent bien expliquer les choses qu’ils connaissent, ont clairement leur place dans la blogosphère. Je soupçonne même qu’ils auront bien plus de lecteurs que les plus pointus des experts !

On est toujours l’expert de quelqu’un, et le disciple d’un autre… alors n’hésitez jamais à vous exprimer ; il y aura toujours quelqu’un pour qui vos écrits seront utiles.

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Cet article a été écrit par Nicolas Hoffmann.

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