Si vous jouez aux échecs, vous connaissez peut-être le terme dit des coups forcés. Ce terme indique que votre adversaire vous a mis dans une situation où quoi que vous fassiez, il vous mettra en échec et mat en un certain nombre de coups.
Comme vous vous en doutez, un joueur d'échec n'aime pas se retrouver dans cette situation. Je fais un parallèle avec le travail, avec un exemple totalement fictif, mais inspiré de la réalité.
Un client m'envoie en début de matinée une liste de contacts à importer dans une base mysql avec une demande formulée ainsi : « pouvez-vous importer cette liste dans notre base ? ». Étant littéralement débordé de travail urgent pour le même client et sans aucune autre précision, je réponds que oui, mais pas de suite. Aucune réponse de la part du client.
La journée se passe, je reçois un coup de fil de mon patron qui me relance sur le sujet. Surpris, j'explique à ce dernier que j'ai déjà répondu au client que ça serait fait, mais pas de suite vu que je n'ai aucune indication temporelle… vu que je bosse déjà à fond pour eux. Il m'indique que c'est urgent, et que le client a hurlé comme quoi il en avait besoin ce soir, car la newsletter doit partir demain.
Ce n'est pas le fait d'avoir à gérer une urgence qui me dérange – ça arrive souvent –, c'est surtout de n'avoir aucune information précise en briefing, et qu'un petit job qui devrait se traiter sans stress doive être traité en priorité absolue où – loi de Murphy oblige – j'ai le moins de temps. Accessoirement, même si mon boss sait que j'ai été mal briefé comme lui, ça nous met les deux dans une situation désagréable qui pourrait être si facilement évitée.
Peut-être que certaines personnes ont besoin de stresser pour se sentir en vie, cela n'est pas mon cas, je pars de l'idée que tout stress qui peut être évité doit l'être.
La demande aurait été formulée ainsi : « pouvez-vous importer cette liste dans notre base mysql ? Nous en avons besoin pour demain. »
Ok, c'est peut-être court comme délai (c'est encore mieux si nous avons un délai plus long, mais je sais que cela n'est pas toujours possible), mais la différence est… que je sais à quoi m'en tenir. Ajoutez à ça que comme toute personne humaine, j'aime rendre service autant que faire se peut, je vais arriver à trouver un moment dans une journée pour le faire.
Résultat, je serai content d'avoir rendu service, mon boss également, et le client le sera aussi. Il est aisé de constater que dans un cas tout le monde est frustré ou énervé, et dans l'autre tout le monde est content.
Autre exemple :
– tu peux faire ça ?
– oui je peux, dans deux heures ça te va ?
– en fait j'en aurais besoin de suite.
Encore un coup forcé, tout simplement parce que le demandeur espère éviter d'avoir à contraindre celui à qui il fait sa demande et pense que l'autre amènera lui-même l'issue favorable sans que le demandeur ait eu à en faire la demande.
Moralité : au lieu de déléguer une angoisse ou une responsabilité et/ou au lieu d'être imprécis dans vos demandes, allez droit au but. Pensez-y quand vous formulez une demande ou quand vous serez victime de cette gaffe de communication ! :)