J’avais déjà eu le plaisir de parler de certains périphériques un peu exotiques comme la tablette Go-Nomad dans « Intégrateur de l’extrême : les tablettes bas de gamme », et j’ai pu remettre ça ce week-end. Cette fois, c’est la liseuse d’Amazon – la célèbre Kindle – que j’ai pu tester.
Bien entendu, je ne parle pas de naviguer sur une Kindle Fire en couleurs, mais le modèle en noir et blanc.
Vous me pardonnerez d’avance mes inexactitudes, je suis en mode curieux. Inutile de me dire que ce périphérique n’est pas prévu pour faire certaines choses que j’ai faites, je le sais. C’est de la curiosité intellectuelle, rien de plus. Je ne vais pas parler de sites dédiés pour le Kindle non plus (cf après).
Le Kindle
Hasard du calendrier, Agnès Haasser – dite « Tûtie » – a écrit quelques billets sur le sujet il y a peu, je vous invite donc à les lire pour mieux comprendre certains phénomènes dont je vais parler ici.
C’est bon, vous les avez lus ? Ok, vous pouvez continuer.
La découverte et déjà les premiers enseignements
Effectivement, voir ses réalisations ou ses sites habituels en noir et blanc est rigolo. Certains sites prennent même un certain cachet – l’élégance du noir et blanc – en étant consultés ainsi. J’avoue ne pas avoir mené des tests intensifs pour vous dire tout sur le sujet.
Les premières impressions sont étonnamment bonnes : le responsive est plutôt bien géré, les versions mobiles de certains de mes derniers sites s’affichent bien. Le rendu est en général très satisfaisant et plutôt agréable. Même si le périphérique n’est pas tactile, on arrive à naviguer sans trop de soucis. Comparé à la Go-Nomad, c’est largement supérieur.
Premier enseignement qui saute aux yeux… les contrastes. Les contrastes insuffisants se remarquent particulièrement vite. Certains contenus sont mêmes invisibles. L’effet de rémanence dû à la technologie décrite par Tûtie ne sont pas exagérés, loin de là. Dès qu’on scrolle sur une page, il arrive que l’on voie encore en filigrane les contenus de l’affichage précédent.
Deuxième enseignement… les performances. Vous avez intérêt d’avoir un site léger, bien optimisé et plutôt léger point de vue JavaScript (idéalement sans). Certains sites ont carrément fait planter le Kindle, trop lourds, trop d’effets inutiles.
L’exemple type est un simple effet de transition CSS sur une couleur de fond, comme sur oXXano dans la navigation principale, cela va faire passer l’écran du Kindle par tous les états si j’ose dire. Idem avec les dégradés, ils sont difficiles à rendre pour le Kindle (cf l’image ci-dessous).
Mises à part ces quelques limitations techniques, je trouve que le Kindle se défend pas si mal.
De grandes réussites…
Certains sites sont particulièrement agréables à consulter. Sans aucun favoritisme, celui que j’ai préféré consulter ainsi est OpenWeb. Les contrastes suffisants, l’absence de tonnes de JavaScript, le texte suffisamment gros et aéré, pour un peu, je sentirais le bruit du papier de l’encyclopédie, à m’en demander si Emmanuel Clément n’avait pas prévu le coup :). Alsacréations s’en sort aussi très bien.
Certaines de mes dernières réalisations (comme oXXano, mon site personnel, Genix, etc.) sont globalement assez agréables, même si vous vous doutez bien que tous ces sites n’ont pas été conçus dans cette approche. Quelques exemples ci-dessous :
Et quelques fails bien sentis
Les grosses usines en JavaScript changeant l’affichage de la page font ramer le Kindle (et quand je dis usine, il n’y a pas besoin de grand chose). Au hasard… le carrousel automatique ! Hé bien, c’est très mal. Comme l’indiquait Tûtie dans ses billets, cela fait peiner fortement l’affichage et déclenche de nombreux rafraichissements pour éviter les images rémanentes. Et devinez quoi ? Oui, ça fait ramer le Kindle. La boucle est bouclée. Donc encore une raison de plus de dire que les carrousels automatiques, c’est (le) mal (absolu).
J’ai quelques erreurs de codes unicode, comme sur l’espace fine insécable (première image ci-dessous). J’avoue ne pas les avoir trop compris pourquoi, car par contre sur mon site personnel (où je l’utilise), il est parfaitement affiché.
La page d’accueil de mon site d’agence (deuxième image ci-après) est particulièrement gratinée : les background-size
ne sont pas gérés (l’affichage « retina à la con » des icones est cassé), je retrouve un problème de soulignement que j’avais déjà vu sur certains vieux Android, et pour couronner le tout… erreur d’affichage du caractère unicode « ≡ ». Et pan ! Ceci dit, les autres pages restent tout à fait correctes, et le site est utilisable. De là à dire qu’il faut réellement penser à l’information critique et à la façon dont on la véhicule, il n’y a qu’un pas que je suis bien tenté de franchir.
Petit gag, un lien avec un attribut target="_blank"
va afficher une pop-up vous disant que ce n’est pas possible d’ouvrir plusieurs fenêtres. target="_blank"
, prends ça dans ta gueule ! (sur la première image ci-dessous)
Second gag, mes border-radius
de Vision Clinique sont rendus carrés. (sur la seconde image ci-dessous)
Évidemment, j’ai testé sur mes propres sites qui sont relativement légers. J’imagine que des grosses usines avec beaucoup de contenus doivent faire bien plus souffrir le Kindle.
En conclusion
Pas de mystères, ce genre de périphérique fait sauter aux yeux les excès des sites, bien plus rapidement que sur des mobiles survitaminés comme certains smartphones. Néanmoins, il est tout à fait possible d’avoir des rendus corrects, et la mission première des sites – naviguer et transmettre des informations – est tout à fait envisageable.
Encore une fois, une conception raisonnée et raisonnable permet de s’en sortir, mais cela, vous le saviez déjà, n’est-ce pas ?